Dans l’allée des Jeunes Vignerons du dernier Salon des Vins de Loire, un visiteur perfide me glisse devant le stand du Domaine de Haute Perche : non ce n’est pas une nouvelle installation, c’est une grande famille de vignerons, très ancienne !
Pourtant quand on découvre l’histoire de Véronique Papin, elle s’apparente bien à celle de la reprise complexe d’un domaine, tant l’affaire n’était pas gagnée au départ !
Ecoutez plutôt Véronique :
Je suis fille de vigneron, petite fille de vigneron, mais c’est vrai que les filles n’avaient pas trop leur place au domaine ! D’autant que nos parents ont toujours voulu nous pousser à faire des études. Ils avaient vraiment ce côté terrien et paysan pour qui ce n’était pas bien de travailler la terre. Je me suis donc formée pour être professeur des écoles. Et à chaque fois que je me retrouvais dans un salon ou une assemblée de vignerons, j’avais une espèce de malaise, il y avait un truc pas clair quoi. J’avais honte de ne pas être capable de déguster, je sentais que c’était quand même mon milieu, je me disais que je n’étais pas plus nulle que les autres et que je pourrais peut être faire quelque chose…
Mais en 2000 le père de Véronique a des problèmes de santé.
Ca m’a décidé à passer un bac pro viti-oeno au lycée de Blanquefort. Donc j’ai travaillé à mi-temps d’abord, j’ai fait des allers – retours entre Paris et Angers et après je suis venu travailler 3 ans au domaine. Travailler 3 ans avec son père ce n’est pas simple et on n’a pas réussi l’un et l’autre à trouver notre place…
Véronique est alors repartie à Paris et là, ne pouvant retrouver sa place au sein de l’Education Nationale, elle se trouve des boulots de caviste dans différents bars à vins parisiens.
Véronique Papin : Et un jour on m’appelle pour me dire que le domaine était en vente, et on me donne 6 mois pour réfléchir.
Et vraiment c’est en allant sur les parcelles pendant ces 6 mois que la vigne a décidé pour moi.
J’ai donc repris un domaine de 28ha, et j’ai fait 2 super millésimes ! Je ne sais pas si vous vous souvenez : 2012 et 2013, c’étaient des « grands » millésimes…En terme de décision et d’entrainement, c’est bon !
Et puis arrive enfin 2014.
Enfin, Véronique prend une grande dose de plaisir : j’aime bien réagir, décider mais là, pouvoir prendre le temps des choses, c’est vraiment agréable !
Son idée c’est de développer et d’orienter le domaine en bio : je travaillais dans des bars à vin bios et issus des vins naturels donc j’ai été sensibilisée à ça. Il y a un équilibre économique à trouver et c’est une opération qui se fait tout doucement.
J’ai enfin une récolte significative, celle de 2014, donc je suis plutôt dans l’étude, l’analyse précise du vin que je veux faire – toujours du bon bien sûr- mais est-ce que je garde toutes les terres, est-ce qu’on fait une restructuration…
J’ai un conseiller technique qui a bien vu qu’il ne pouvait pas faire sans bio avec moi !
Donc on y va tout doucement on a commencé sur 5 ha….Une conversion en bio c’est déjà travailler les sols le cavaillon et ça veut dire laisser pousser toutes seules les racines et cette année sur toutes les terres que j’ai travaillées en bio, je n’a pas eu une récolte suffisante. Si je garde les 28 ha en bio il me faudra 8/10 ans pour aboutir. Et puis dans 20 ans, là, on passe à la biodynamie !
François
Véronique Papin raconte aussi son aventure sur Youtube
Le Domaine de Haute Perche produit du Cabernet d’Anjou, de l’Anjou, Anjou Villages et Coteaux de l’Aubance.