Si vous achetez les trois, il vous en coûtera 80€- le prix de quelques belles quilles en Val de Loire – mais vous aurez devant vous un millier d’heures de lecture captivante.
Je les ai feuilletés, parcourus, photographiés avec l’aimable autorisation de la librairie Durance à Nantes.
J’en ai quand même acheté un, là c’est le Guide Hachette des Vins 2018, l’ainé, 30 ans d’âge et 50% de part de marché, après vient le guide de la Revue du Vin de France : 20 ans et enfin le Bettane et Desseauve.
Chaque année je change de guide, les anciens commencent à occuper un peu trop d’espace, mais qui oserait les jeter ?
Kolossal travail !
Ces guides sont des monuments de culture œnologique dans un pays qui compte 100 000 exploitations viticoles. Le souci, l’obsession des équipes de dégustateurs, c’est de ne pas passer à côté d’un vin prometteur, d’un jeune vigneron talentueux ou d’une appellation méconnue. Chacun a sa méthode : Les éditeurs du Guide Hachette font travailler des dégustateurs anonymes, façon Michelin, qui goûtent massivement : 40 000 vins dégustés pour 10 000 retenus. Les étoiles sont données aux vins, à la différence des guides RVF et B+D qui les distribuent aux domaines et aux vignerons par leurs propres équipes rédactionnelles et dégustatrices.
Chaque guide a son écosystème.
La Revue des Vins de France appartient à la presse magazine (groupe Marie-Claire). Les interactions entre le rédactionnel et la publicité sont nombreuses : promotion des domaines, dégustations thématiques et évènementielles.
On retrouve la même philosophie chez Michel Bettane et Thierry Desseauve, dissidents de la RVF et grandes figures de la critique des vins français.
Ils œuvrent pour tirer vers le haut notre communauté viti-vinicole nationale par une profusion de palmarès : 200 producteurs au top, les découvertes, les producteurs qui progressent, ceux qui confirment, ceux qui reviennent, les bios, les signatures, etc, et même une rubrique carrément démagogique : les vins que nos dégustateurs mettent dans leur cave !
Le bénéfice pour le vigneron est plus hypothétique…
La logique des classements de la RVF et B+D pousse les vignerons à toujours plaire davantage aux dégustateurs afin d’être mis en visibilité par une citation puis de passer à une, deux, voire trois étoiles. Les guides affirment que c’est le résultat du travail qualitatif qui est récompensé par ces pluies d’étoiles, certes, mais on voit bien tout le bénéfice qu’ils en retirent en vendant du papier et de l’accès à leurs bases de données.
Le bénéfice pour le vigneron est plus hypothétique, malgré la gloire éphémère ; et pour le consommateur, c’est mettre davantage la main au portefeuille pour une recherche de qualité qui s’apparente à la quête du Graal.
A l’exemple de ces vins de Savennières en Anjou, notés 16 ou plus par les guides RVF et B+D, il faudra souvent débourser nettement plus de 20€ pour une bouteille départ cave.
Satisfecit pour le guide Hachette qui met en avant le Savennières Dhommé les Fougerais 2015 ou celui de la Ducquerie Clos de Frémine 2015 accessibles à moins de 15€.
Le prix est une question d’éthique, un bon vin n’est pas nécessairement un vin cher ; c’est notre conviction à Génération Vignerons et nous l’affichons régulièrement.
Tiens, il commence à me plaire ce Guide Hachette des Vins 2018 !
Jean-Philippe