Natalia, master du muscadet

Lors de dégustations au Château de la Frémoire, j’ai été séduit par la passion de Natalia. Une voix s’était élevée au-dessus des autres, avec ces traces de petit accent slave, celle d’une œnophile fraichement diplômée du Master du Muscadet, Natalia Vladimirova, qui a accepté de partager son goût pour les vins avec Génération Vignerons.

Natalia, que représente le vin pour toi ?

Le vigneron, c’est la personne qui fait le vin, ce n’est pas comme à l’usine. C’est souvent un seul homme ou une seule femme. Ils sont polyvalents, multitâches, ils font tout. Je suis très admirative de ces artisans. Ils font le travail quotidien du sol, de la vigne et du raisin jusqu’à la barrique ou la cuve.

Quel a été ton parcours, de Russie jusqu’ici dans la vallée de la Loire ?

Je suis venue de Russie pour faire des études de Master en Tourisme à Angers.

Une fois mon diplôme de chef de projet en poche j’ai alors découvert les vins de la région. Les Saumur-Champigny, Chinon, St Nicolas de Bourgueil…

Et j’ai pu rencontrer de vrais vignerons !

Quelle première expérience as-tu acquise ?

Entre 2012 et 2015, j’ai aussi essayé de développer l’œnotourisme dans la vallée de la Loire avec une micro-entreprise qui s’appelait Escargotour. Les clients Russes adoraient voir comment on arrivait au produit fini dans la bouteille. Mais c’était trop tôt. Il y a un manque de confiance sur ces activités. Difficile de trouver des partenariats, on me demandait déjà des chiffres.

Quel est ton rôle auprès des vignerons ?

En 2017, j’ai suivi une année entière chez Damien Rineau à Gorges. Du point de vue étiquette et marketing, il est très bien positionné avec une gamme recentrée. Il a juste besoin de gens pour l’aider à aller vendre ses vins. Les cavistes sont souvent peu à l’écoute, alors il vaut mieux aller faire un très bon salon professionnel. J’organise parfois des dégustations pour des vignerons. Certains ont du mal à prendre la parole devant un groupe en gérant le temps de la visite, c’est un métier qu’ils ne maitrisent pas toujours.

Comment vois-tu l’image du vignoble Nantais ?

Dans le Muscadet il manque un projet global efficace, chacun doit améliorer son image en investissant pour communiquer au-delà de la région de la Loire, car l’appellation n’est pas encore assez connue. Il manque de grands événements qui drainent du public et qui expliquent positivement ce qu’est le vin Muscadet. Il a fallu 30 ans au Sancerrois pour arriver à ce résultat. Il faut investir dans du marketing, dans du développement d’image. Là je reviens de Prowein, je représentais plusieurs domaines, il fallait expliquer en anglais, allemand, russe et français.

Tu possèdes de vraies connaissances sur le vin. D’où viennent-elles ?

J’ai acquis l’essentiel de mes connaissances avec l’association Vertivin, avec les vignerons et en posant des questions.

J’ai encore énormément de choses à apprendre, mais souvent les professionnels du vin sont curieux de savoir qui je suis exactement. Car mes questions sont pertinentes.

Comment es-tu rémunérée pour ces services que tu rends aux vignerons ?

C’est après en fait que je fais une facture à la prestation de services, parce que je suis à mon compte, avant, durant et après le salon. Et un peu comme pour un agent qui prend sa commission, il y a un pourcentage à la vente.

Natalia, La Russie est-elle prête à boire nos vins Français ?

Une commerciale est venue me voir. Elle a gouté les vins que je lui ai présentés. Elle trouvait que c’est trop cher, plus cher que l’Afrique du Sud qui se vend bien là-bas. Mais elle est repartie avec des échantillons. Les contrats sont signés, les vins les intéressent et tout devrait se finaliser bientôt après les dernières formalités. Et sinon, le marché ukrainien est certainement très porteur. Il y a de plus en plus d’échanges commerciaux entre nos deux pays. Nous étudions ces débouchés très sérieusement.

Envisages-tu une reconversion ?

C’est quelque chose vers lequel je me dirige. Dans le vin tout est varié, il y a beaucoup de rencontres et d’interaction avec les importateurs et les distributeurs. Cela me plaît de placer un produit mais surtout de savoir de quoi je parle. Si je n’aime pas le produit je ne vais pas essayer de le vendre. Je ne suis pas une vendeuse. Il faut que j’y croie. Les vignobles que je représente ne produisent pas du vin de bas de gamme. Il y a un travail sincère.

Te sens-tu comme une ambassadrice du Muscadet ?

J’adore ça ! Ambassadrice de cette appellation, c’est mon rêve, j’en suis fière. Ce sont souvent des petits domaines. Pour une personne comme moi, qui arrive de Russie, ce vin possède une histoire, un terroir… C’est beaucoup plus qu’une étiquette sur une bouteille ! On ne boit pas juste comme ça. Raconter le vin c’est le meilleur hommage qu’on puisse lui faire. Derrière chaque bouteille il y a un vigneron. C’est sa vie dans notre verre …

Jean-Luc

Ecrit par Jean-Luc POIGNARD
------------------------------------------------------------------- Prenez un descendant de vigneron en AOC Orléans, arrosez d’un bon zeste de passion œnophile, un fond de langue et littérature anglaise, ajoutez un WSET 3 et de nombreuses visites chez les vignerons. Mixez l’ensemble. Laissez reposer, lisez et dégustez un verre à la main.

2 commentaires

  1. Ponseel dit :

    Belle personne beaucoup de sincérité, la plume du journaliste frétille.

  2. Cher Eryck, merci pour ton commentaire. Génération Vignerons confirme pour une chose concernant Natalia, ici mise en jolie lumière, (les propos sont d’autant plus intéressants qu’ils sont retranscris d’une interview) et réfute la seconde. Depuis le milieu du 20ème siècle le clavier a remplacé progressivement toute écriture manuelle … un bienfait pour les oies, et les cancans !

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